Le mois d’août se termine. Finies les réjouissances estivales. Après avoir, et les uns et les autres selon nos goûts et nos fortunes, baguenaudé sur les chemins de campagnes, trempé nos corps dans les immensités marines, crapahuté sur les sentiers montagneux ou traînaillé devant l’apéro du soir, avant le barbecue géant organisé par un camping étoilé, nous voici, de nouveau, au boulot. Vous n’échapperez pas à la reprise ! Et avec elle, chaque année, à la même époque, quelques têtes pensantes -les mêmes bien souvent- nous prédisent une rentrée sociale plus ou moins agitée. Qu’en sera-t-il demain ? Attendons quelques jours pour être informé des soucis qui nous attendent et savoir si, comme l’annoncent plusieurs organisations professionnelles d’obédiences syndicales différentes, la « rentrée sera explosive ». A priori, et sans être devin en matière de prévisions, on peut affirmer que les mécontentements et les revendications qui vont avec sont nombreux : les retraités ne sont pas contents, les fonctionnaires de l’Éducation nationale sont grognons, ceux d’EDF sont râleurs, ceux des hôpitaux et les services d’urgence sont exténués, ceux des transports publics sont inquiets et, c’est nouveau, les avocats soutenus par le conseil national des barreaux sont tourmentés par une baisse de revenus annoncée. Beaucoup d’entre eux seraient, selon les syndicats, prêts à en découdre dans la rue face aux forces de l’ordre qui, elles-mêmes, ne sont pas très en forme socialement. Bref, il semblerait que le calendrier du mois de septembre prochain soit bien rempli en manifestations et grèves en tous genres. Sans vouloir ajouter, par malice ou plaisir, d’autres difficultés à venir, le gouvernement devra affronter et gérer une préoccupation générale relativement récente. Une réalité qui n’est pas des moindres. En effet, et pour la première fois peut-être dans l’histoire française et européenne, des citoyens de toutes classes sociales veulent se mobiliser pour le climat dès le mois prochain. D’ailleurs, les leaders des mouvements écologistes l’affirment depuis plusieurs semaines déjà et ils le font haut et fort. Ainsi, -et comment ignorer un tel phénomène ? – plus de deux millions de personnes ont signé une pétition appelant les responsables gouvernementaux de plusieurs pays à agir sur ce qui est dénoncé « d’inaction climatique ». Ce n’est pas tout : des appels à la désobéissance civique se multiplient et devraient redoubler de vigueur et de plus en plus d’États qui ne prendraient pas en la matière, et selon les groupes écologiques, de mesures d’urgence se voient déjà et se verront traduits quasi-systématiquement devant les tribunaux. En France, et sur le même sujet, la rentrée sociale sera aussi marquée par des rassemblements populaires que l’on prévoit d’envergure. Par exemple, des manifestations sont programmées par 60 organisations les 20 et 21 septembre et ce, dans le cadre de la semaine internationale pour le climat (du 20 au 27 septembre). Les médias en parlent peu mais ces types de mouvements en faveur du climat prennent de l’ampleur et se mondialisent. Or, cette discrétion médiatique est inquiétante, d’autant qu’il y a depuis quelques temps une accélération dramatique des catastrophes climatiques sur notre planète mais semble ne pas mériter l’attention des journaux, des radios et télévisions. Le propos semble exagérer ? Alors, pour être convaincu du bien-fondé de la remarque, prenons un exemple. Lorsque, par malheur et accident, la cathédrale de Paris flambe l’émotion publique est, aussitôt -et c’est bien légitime- relayée par la presse. Les journalistes en émoi commentent les tristes images et des millions d’euros et de dollars sont spontanément versés -et c’est tant mieux- à des fondations chargées du financement des futurs travaux. En revanche, depuis le début du mois de juillet, des incendies ravagent les forêts d’Amazonie (Amazonas et Rondonia), le poumon de la planète, c’est-à-dire des destructions priva, et pour longtemps, d’oxygène, nécessaire à la vie de milliards d’humains. Les médias ont parlé réellement de cette catastrophe humanitaire autour du 13 août seulement ! Allez savoir pourquoi. Depuis, il est vrai que les médias se sont emparés du sujet. Mais il aura fallu des polémiques virulentes (qui continuent d’ailleurs) entre dirigeants internationaux pour que la presse française prenne conscience de la gravité de ce dramatique événement. Le président de la République ne s’y trompe pas lorsqu’il écrit, via Twitter « C’est une crise internationale, notre maison brûle littéralement ». Le propos du chef de l’État dit bien que la rentrée sociale est aussi environnementale, écologique et climatique. Ce n’est donc pas par hasard que des centaines d’organisations de défense de l’environnement « exhortent Emmanuel Macron à agir durant le G7. »
Éric Yung