TENDANCE Les ovins débarquent à la ville. Ainsi que trois éleveurs dans le pré de la communauté d’agglomération de Blois, Agglopolys. Explications bêlées.
E. Rencien
De la Sologne à la Loire, il n’y a parfois qu’un … saut de mouton ! Depuis le mois de juin, un troupeau de 60 ovins de race solognote paît paisiblement sur des parcelles non cultivées clôturées (au total, 88 hectares), à proximité du lac de Loire à Vineuil, du centre aquatique Agl’eau à Blois et de la Balastière à Chouzy-sur-Cisse. Trois sites et de surcroît, trois éleveurs : Céline Boulay-Poquet (Chitenay), Matthias Hallouin (Les Montils) et Mathilde Parmentier (Vernou-en-Sologne). Foi de citadins, la campagne qui s’invite en milieu urbain permet de jeter aux orties tondeuses, débroussailleuses et autres outils mécaniques bruyants et polluants. Au développement intensif du non-sens brut de décoffrage, Agglopolys choisit l’élevage extensif, comprenez le retour d’un certain bon sens à l’état pur. « Cette expérimentation vise quatre objectifs, » aura détaillé Christophe Degruelle, le président de l’agglo. « A savoir le soutien à l’agriculture, la préservation de la biodiversité, la gestion naturelle des paysages par les animaux, et la sérénité. L’expérience est amenée à se développer. D’ici trois ans, nous escomptons 300 brebis (600 d’ici 2025) accueillies sur ce principe, sur de nouvelles parcelles. » La sécheresse de cette année 2019 ne favorisera sûrement pas une ataraxie herbée mais les éleveurs ayant répondu à l’appel à candidature voient beaucoup d’avantages à cette initiative dans le pré. «La race solognote possède une alimentation variée : genêts, chardons, feuilles des arbres … Il s’avère compliqué de trouver autant d’hectares à pâturer, les surfaces sont rares car les grands propriétaires font parfois davantage confiance à la culture céréalière des espaces qu’au mouton. D’ici 2021, suite à ce lancement d’éco-pâturage sur le territoire de l’agglomération, nous visons une adresse de parcelles fixe et un berger, en la personne de Matthias, à demeure. »
Doucement mais sûrement donc. En patientant, une association «Aux fils des toisons » est parallèlement née à Cellettes, valorisant la laine en paillage (pour le maraîchage par exemple), en feutre ou en fils, en collaboration avec des entreprises encore compétentes en la matière sises dans la Creuse et en Haute-Loire. La filière de transformation serait même porteuse d’emplois, une école de la laine existant notamment à Vasles, dans le Poitou-Charentes, concernant ce savoir-faire rural. Ces moutons-là ne sont visiblement pas des suiveurs, plutôt des leaders de tendances. Durables ? Un retour à la simplicité avec effet boule de neige, ou juste, un phénomène de mode pour paraître vertueux ? Dans le Cher, la gestion des espaces se trouve également confiée à nos amis laineux. L’éco-pastoralisme semble bien loin du mouton à cinq pattes…