Dans son dernier roman paru aux éditions Marivole, « La Guerre des sabotiers », l’écrivain vendômois René Bruneau, anciennement professeur de lettres, revient sur un événement oublié de l’histoire locale, celui de la révolte des paysans solognots au XVIIe siècle. et cela valait bien deux tomes. Le premier est sorti cet automne, le second vient de paraître. Une épopée frondeuse et surtout une prose associée à découvrir.
Après l’orage annonciateur, voici venu le temps de la révolte dans le tome 2 de votre roman. La guerre des sabotiers, comme bon nombre d’événements historiques avérés, connurent à leur époque un grand retentissement, cependant passés sous silence dans la mémoire nationale. Pourquoi avez-vous choisi cet épisode en particulier ?
« Ce qui m’intéressait c’était de parler d’un évènement qui a bien eu lieu. La guerre des sabotiers est en plus étonnamment peu connue. Étonnamment car cette révolte n’est pas survenue pour rien ; elle fut importante dans les faits et les conséquences, partant de la Sologne et passant en Beauce, dans le Blaisois, etc ; Ce n’est pas un livre d’histoire, j’ai écrit un roman avec une histoire ; la partie romancée doit éclairer des faits historiques autour d’histoires individuelles. »
En lisant vos écrits et cette histoire, on pense inévitablement aux gilets jaunes actuels …
« il est vrai que certains lecteurs me disent « en fait , ils n’ont rien inventé! ». L’historien Franck Ferrand m’a même cité l’autre fois en interview. Avec le recul, oui, cela fait écho. Ces paysans se sont indignés à cause d’un trop plein d’impôt et d’une nouvelle monnaie, le liard, avec laquelle l’État se goinfrait, tandis que pour nous, en 2019, ce fut le prix du carburant. Mais cette révolte au XVIIe siècle fut tout de même payée chèrement…»
La Sologne aura payé un lourd tribut, c’est à dire ?
« L’évènement a en effet planté toute une région, déjà pauvre, déjà dans des conditions difficiles. Aussi, le peuple a encaissé les dégâts dans un bain de sang. Les Solognots ont vécu une défaite, même si le déroulement fut inédit : les sabotiers auront encerclé et assiégé les troupes royales du côté de Sully-sur-Loire, et non l’inverse. Occupé à la guerre d’Espagne, le jeune Louis XIV, qui deviendra le roi Soleil, finira par envoyer de vraies troupes, plus aguerries, autres que la garnison de Chartres, avec une bataille très dure en rase campagne. Les Solognots survivants rentreront dans leurs pénates et le retard d’impôt sera rattrapé, souvent brutalement. C’est gai, non ? Rassurez-vous, il y a une histoire d’amour dans mon roman ! »
Et plus encore à lire en se procurant votre livre. Vous proposez cette histoire d’antan en deux tomes, donc. Avez-vous des tics et/ou tocs d’écrivain ?
« J’ai mis deux ans pour l’écrire, comme tous mes bouquins. Un an pour me documenter, un an pour rédiger. Avec une parution en deux tomes, parce que ce fut un parti pris dès le départ avec mon éditeur. Les gens étaient impatients de lire la suite du premier opus, de savoir comment tout cela allait évolué. L’histoire est prenante et ils sont surpris du fait que l’on ait gardé si peu de traces de cette révolte paysanne d’ampleur en Sologne. Sinon, j’écris toujours le matin, de 9h à 12h, jusqu’au moment où mon épouse m’appelle pour l’heure de déjeuner et que le chat se précipite plus vite que moi, vous savez tout ! (Rires). Les lecteurs sont aussi toujours curieux de savoir quelle est la part historique et quelle est celle du romancier dans mes ouvrages, mais sur ce point, je préfère garder le mystère… »
Propos recueillis par Émilie Rencien
La guerre des sabotiers, tome 1, Orages, 20,90 euros, paru aux éditions Marivole.
La guerre des sabotiers, tome 2, La révolte, 19 euros, paru aux éditions Marivole.