Après le « dîner de cons », le « billet de cons ». Et pourquoi pas ? Oui, seulement voilà, comme l’écrivait Desproges, « parler à un con, c’est un peu comme se masturber avec une râpe à fromage : beaucoup de souffrance pour peu de résultat. » En parler, par contre, ça peut rapporter. Qui a oublié le « casse-toi, pauvre con » de Nicolas Sarkozy ? Le con harangue, palabre, occupe la scène depuis Mathusalem. Une histoire de con-sommation, de con-fiance, de con-quête… ? Y compris sur les étals des libraires (ou sur Amazon, avouons-le). Le philosophe Maxime Rovere con-cocte ainsi l’analyse et con-crait avec un bouquin de 200 et quelques pages, à couverture jaune flamboyant, publié chez Flammarion, intitulé sobrement « que faire des cons ? ». Vaste programme, et un gilet de survie didactique très bien écrit qui tape dans le mille en donnant des clés qu’on con-naît parfois déjà lorsqu’on a enfin compris la logique d’êtres malsains à la con-nerie humaine indicible, bien loin de notre fonctionnement. « Votre vie est encombrée d’une ou plusieurs créatures malfaisantes ? » est-il demandé en préambule. Et les questions s’enchaînant au fil des chapitres, du style « comment tombe-t-on dans les filets des cons, comment écouter les cons,, pourquoi les cons préfèrent détruire, pourquoi les cons se multiplient », et même « pourquoi l’Etat se fout de nous, pourquoi les cons gouvernent » ! Il est certain que l’époque est troublée, propice à l’éclosion de personnalités con-culcatrices, type pervers narcissiques et manipulateurs dont le seul langage est de tout broyer sur leur passage, après avoir pris le soin de tomber le masque de prime abord donnant le bon Dieu sans con-fession. D’ailleurs, en con-versant, la religion occidentale finit par dévoiler son visage de prêtres con-célébrant sans compassion. Un con, ça trompe énormément, encore davantage lorsqu’on le croit empreint de valeurs qui finalement se révèlent peu catholiques … Évidemment, d’aucuns rétorqueront qu’« on est toujours le con de quelqu’un » et la tentation de con-chier s’avère ardente en riposte à la con-nerie. Maxime Rovere déconseille de con-céder une place à la violence. « Stultitia delenda est » en latin sur le papier, « elle doit être détruite » en français dans le texte, serait une attitude trop con-venue. Alors au courroux véhément, nous préférons cette autre con-firmation : « Là où la connerie advient, votre valeur doit survenir. » Pour preuve, face à l’adversité, nous, surnommés « ces cons de journalistes », essayons de sortir notre carte de presse de sales eaux. C’est surtout le titre d’un deuxième livre aux éditions Max Milo qui nous aura également marqué ce mois-ci, celui d’Olivier Goujon, journaliste et photoreporter pour la presse française et européenne, recueil de témoignages foisonnants de con-ditions de travail se précarisant, facteur épanouissant pour (auto)censure chez les rédacteurs con-traints. “ Et voilà comment des journalistes ont cru… Faut être con, non ?”, martèle la litanie au fil des con-stats égrénés sur le papier. Eh oui, parfois, le con-ne-rie… Et sinon, avec tout ça, dans ce tableau con-trit, vous reprendrez bien un peu de connard, connasse, connaud, connot… Néo-cons ! On peut décliner à l’infini, con-tinuer à l’envi. Mais ne tombons pas dans un ton de con-doléances. En nous penchant sur la polysémie, on notera de fait que le mot désigne également trivialement la région du corps de la femme où se logent les organes sexuels. Alors en vue de détendre l’atmosphère, s’agissant d’atteindre le nirvana du plaisir féminin, il semble n’y avoir qu’un point « con » … pour con-gratuler la belle tête de vainqueur ! Pignon ou Brochant, dixit le film culte de Francis Veber, c’est selon. Allez, va, pas le peine de se con-douloir, con-cuspicez maintenant…