Le conseil communautaire du 7 février aura confirmé le positivisme de la Communauté d’agglomération de Blois. Pourvu que ça dure.
A encore croire les élus d’Agglopolys, Christophe Degruelle serait un président qui rassemble, au-delà des clivages politiques. En effet, pas d’invective, pas de mot plus haut que l’autre, pas de ruée dans les brancards. Cela change d’autres territoires aux réunions bien plus animées. Jeudi 7 février, en conseil communautaire au Jeu de Paume à Blois, tout fut en effet plié en une heure, montre en main, sans heurts ni contestations majeures. «Chez nous, il ne faut pas arriver en retard; sinon vous repartez bredouille, » aura plaisanté le président d’Agglopolys, avant les petits fours de l’amitié. Dans le détail, « ça va» car le nerf de la guerre fut démontré lors du rapport sur les orientations budgétaires 2019, à force de schémas comparatifs et de graphiques colorés, à savoir le fait que du côté d’Agglopolys, il fait bon vivre en comparaison à d’autres agglomérations hexagonales de même taille (comprenez 100 000 à 120 000 habitants). Produit fiscal annuel assez proche de l’hypothèse initiale (35,2 M€ pour 2019 contre 36 M€ pour cette même année dans le scénario initial), moins d’endettement que les voisines et plus de solvabilité, une épargne brute accrue grâce à une maîtrise des charges courantes, une fiscalité constante, une possibilité d’engager un peu plus de 24 M€ d’investissements cumulés pour les quatre années à venir… « Ce rapport est excellent ! Tous les clignotants sont au vert,» aura insisté Christophe Degruelle. Donc quitte à seriner, tout va bien dans le meilleur d’Agglopolys. Tant mieux. Même si, pour la presse, c’est presque agaçant ce grain qui n’est pas à moudre ! Mais pour une fois, d’agréables nouvelles, contrebalançant la morosité ambiante persistante.
Agglomération / département, pas le même combat …
Que demander de plus ? Une ombre au tableau sans doute dans cette agglomération bienheureuse, c’est-à-dire le projet encore et toujours en pourparlers d’un second échangeur de l’A10 à Blois. Nicolas Perruchot, président du Conseil départemental, aimerait aller vite sur le sujet (bien que sa collectivité ne possède plus la compétence aménagement du territoire, on dit ça on dit rien…) et boucler ledit dossier avant 2020 pour, selon ses propres termes, ne pas donner « un chiffon rouge » aux futurs candidats aux élections municipales. Seulement voilà, Christophe Degruelle ne partage pas ce point de vue, ne veut pas de ce pas forcé et entend bien lui aussi camper sur sa position, à savoir : niet. Peut-être un débat du passé d’après lui, pas du tout sa vision des choses en tout cas. Sur le thème, le député Stéphane Baudu tempère : oui … et non. « En tant que maire de la Chaussée Saint-Victor, j’ai bénéficié de la première sortie, alors je regarde ça en termes d’aménagement. On ne peut rester dans une telle organisation orientée sur l’est, on doit continuer le développement économique et l’équilibrer, réorganiser les flux de déplacement, s’interroger sur l’emploi et l’habitat,» répond ce dernier élu. «Il est compliqué de se projeter car tout change si vite, on ne sait pas si dans dix ou quinze ans, il existera le même besoin de foncier avec l’émergence du télétravail, la disparition de métiers, la création de nouveaux autres. Mais on essaie de se prévoir. Si le développement économique blaisois se poursuit, je suis plutôt favorable à ce second échangeur autoroutier à l’ouest. Avec un point de vigilance qui me titille, l’évasion commerciale car l’effet induit rapprocherait Blois de Tours… » Pour résumer, à l’agglo, ça va, ça va bien, mais comme on ne vit pas chez les Bisounours, il existe des interrogations. Inextricables ?
Émilie Rencien