JOYEUSES CONFIDENCES
De maire de la Chaussée Saint-Victor à l’Assemblée nationale, il n’y a parfois que des circonstances favorisantes. Suppléant de Marc Fesneau devenu ministre, l’élu centriste chausséen est devenu député à la place du député. Bilan de ces premiers pas, teinté de perspectives dans le viseur.
Les spéculations électorales animent souvent les moulins en recherche de scoops et de sensations fortes, noircissant au passage les colonnes de la presse. Stéphane Baudu, futur maire de Blois ! Le bruit circulait bon train l’an passé. Mais depuis, un fauteuil de député a coulé sous le pont blésois. Alors, il faut actualiser ses dossiers. Et notre titre sur l’agglo’, volontairement provocateur, n’est pas innocent mais aussi, nous savons que le député Modem, précédemment édile de la Chaussée Saint-Victor, possède le sens de l’humour, en bon « joyeux » qui se respecte (en référence au festival les Joyeuseries qui va connaître sa deuxième édition au mois de mai sur la commune de la Chaussée, ndlr), le sobriquet va rester ! Boutade mise de côté, Stéphane Baudu commente la perche lancée. «La mairie de Blois, justement j’annonce ma candidature la semaine prochaine (rires). Je suis député et je ne suis pas maitre de mon calendrier. La séquence aurait été alimentée par la presse… Plus sérieusement, je suis blésois d’origine, ce qui se passe à Blois m’intéresse. Concrètement, si demain je ne suis plus parlementaire, je redeviendrais maire de la Chaussée-Saint-Victor, ça suffira à mon bonheur. Je n’ai jamais vu la Chaussée comme un tremplin vers Blois et un mandat à l’agglomération permet de travailler plus largement. Je le répète, la mairie de Blois n’est pas pour moi un objectif en soi» Marc Gricourt peut donc dormir sur ses deux oreilles, Christophe Degruelle peut-être moins ? Car disons-le, et ce ne semble pas un secret de Polichinelle, Stéphane Baudu rêve plutôt de présidence d’Agglopolys. « Oui, l’agglo me tenterait davantage, j’ai toujours ça en tête. Cela n’a pas été aisé de passer le flambeau sur des dossiers, notamment d’aménagement du territoire que je gérais jusqu’ici, mais il faut passer à autre chose. Je garde toutefois cette idée en tête. Mais comment pourrai-je être candidat face à son actuel président Degruelle ? Je n’ai pas une ambition démesurée qui me pousserait à dégommer. Si je le suis, c’est que l’homme et le projet auront changé. Ça peut arriver… »
Entre dossiers locaux et lois nationales
La porte demeure ouverte. L’ambition, un mot que Stéphane Baudu répète souvent, est toutefois palpable, penchant la balance plus d’un côté que de l’autre de la Loire… En tout cas, une énième fois, dans l’immédiat, juste qu’à preuve du contraire, l’homme politique est député, depuis trois mois. Il demeure conscient de son « CDD » comme il le nomme, du fait qu’un remaniement ministériel peut survenir à tout moment dans un contexte d’année d’élections européennes. L’élu, qui a débuté comme conseiller municipal dès 1995 à la Chaussée Saint-Victor (avant premier adjoint et maire) sous la houlette de Jacqueline Gourault (ministre depuis), centriste après avoir été pro-Chirac, découvre les codes inhérents à cette expérience nationale. «Devenir député, oui ça fait drôle à partir du moment où on ne l’a pas imaginé. Je ne peux pas néanmoins dire que cela m’est tombé dessus. Dès lors que vous acceptez d’être suppléant d’un député, qui plus est dans la majorité présidentielle, au regard de la place qu’il occupait, vous savez que la nouvelle peut potentiellement tomber. J’avais cette petite musique dans la tête, rassurez-vous une pression saine. Marc Fesneau avait été sollicité une première fois mais avait refusé d’intégrer le Gouvernement Philippe II, c’était trop tôt. Puis quand des départs ont été annoncés en septembre 2018, de Hulot à Collomb, cela met une pression, il y avait des fuites dans la presse qui laissent à penser que, et la pression s’est en effet rapidement confirmée. Vous ne pouvez jamais totalement vous imaginer l’ampleur du changement ! vous êtes investi localement depuis un moment et votre rythme se modifie, début de semaine parisienne du mardi au jeudi puis retour dans le Loir-et-Cher les autres jours, et ainsi de suite. Il faut vite prendre ses marques, personne ne vous attend; la vie parlementaire est plus rigide et codifiée. Ceci dit, il existe un mois de réflexion et d’organisation pour se préparer mentalement et caler la logistique.» Stéphane Baudu aura de surcroît bénéficié d’un « accueil » particulier pour ses premiers pas à l’Assemblée nationale, il fut en effet plongé dans le bain le samedi 17 novembre, date de l’acte I des Gilets Jaunes. « Je suis arrivé en même temps qu’eux, je ne sais pas lequel de nous deux restera le plus longtemps !» plaisante le député.
Guichet unique pour les territoires et retour sur le non cumul des mandats ?
En attendant, Stéphane Baudu a intégré la commission Défense nationale ainsi que la délégation collectivités territoriales. Si ce travail ouvre sur des perspectives nationales, voire internationales, le député tient à « rester connecté ». Tout comme le mot ambition qui surgit souvent dans ses propos, la proximité avec les territoires reste prégnante dans son discours. Le député, résolument optimiste (« joyeux », nous l’écrivions!), croit au grand débat national et ne ferme pas la porte à un référendum de temps à autre « sur des questions pratico-pratiques et de grands sujets ». Mais le martèle. « il faut des élus connectés, la critique se cristallise sur des élus nationaux considérés comme hors sol. Nous devons être plus à l’écoute, trouver une autre façon de gouverner.» Et il comprend le basculement possible, étant désormais de l’autre côté du miroir politique. Et propose dans la foulée. « Quand vous êtes parlementaire, vous renoncez à vos mandats locaux, certes on reste conseiller municipal ou autre, mais on n’apprécie plus les conséquences quotidiennes d’un texte de loi sur les concitoyens, l’exposition n’est plus la même. Je crois que garder un mandat exécutif local a du sens. Je ne sais pas si on reviendra sur cette organisation avec le retour du député maire ou du maire sénateur. Ce pourrait être opportun pour les petites communes, notamment. Par contre, si retour il y a demain sur la loi du non cumul, pour moi cela doit se faire sans indemnité complémentaire. Autre chose, le débat doit être ouvert : ce n’est pas parce qu’un texte est émis par l’opposition qu’il est mauvais ! Il convient de passer outre les guerres de clochers et d’égos.» Stéphane Baudu jette des pavés dans la mare, avec dans le viseur, la création d’une agence nationale de la cohésion des territoires, thème débattu dans les prochaines semaines à l’Assemblée nationale. Outil d’ores et déjà décrié par les départements en particulier qui se verraient bien pilotes dans l’avion à la place des préfets a priori retenus aux commandes. Pour rappel, cette agence a pour vocation d’être un guichet unique. « Il s’agit de regrouper plusieurs agences nationales dans une seule, au plus près des territoires, » confirme le député. « Ce n’est pas une création ex nihilo, ni une lasagne en plus. L’idée est de simplifier l’accès aux services, pour des territoires décrochés, petites communes, intercommunalités, pays, qui n’ont pas d’ingénierie adéquate et de capacité à mobiliser les services de l’État, pour gérer des dossiers situés dans le trou de la raquette. Les inquiétudes s’entendent localement mais le but n’est pas d’œuvrer les uns contre les autres, au contraire de favoriser des gouvernantes partagées et de disposer d’un outil opérationnel. » L’histoire est en marche, sans mauvais jeu de mots…
Émilie RENCIEN
ZOOM▶ Pendant ce temps-là, chez les LR…
Les élections municipales 2020 animent d’ores et déjà les esprits de conquête. A Blois, alors qu’une nouvelle permanence Les Républicains (LR) s’apprête à être inaugurée dans le quartier Vienne, le chef d’entreprise Malik Benakcha rêve déjà de prendre la mairie à Marc Gricourt. Sa récente désignation en tant que chef de file des LR pour cette échéance électorale dévoile une partie des cartes à venir. “Je conduirai la droite et nos idées dans un esprit de rassemblement et d’ouverture,” explique-t-il par voie de communiqué. “Ma volonté première est de mettre un terme aux querelles locales et aux conflits de personnes. Cela fait longtemps que je suis engagé sur le terrain, que je travaille d’arrache-pied sur un projet municipal. Blois, cette ville où je suis né et que j’aime tant, est pourtant une belle endormie. Il est temps d’insuffler une énergie nouvelle et une dynamique victorieuse pour une ville juste, une ville au travail, une ville en ordre.” Vaste programme … qui n’empêche pas les rumeurs dissidentes. Ainsi, il se murmure que ce choix de candidat serait le fruit d’une entente Nicolas Perruchot-Guillaume Peltier. Et comme il n’y a pas de fumée sans feu : un commerçant bien connu de Blois Vienne, Philippe Bahu, vient de jeter aux orties son adhésion LR. Sans aucun doute justement du fait de stratégies en coulisses déplaisantes. Aïe, aïe, à suivre… s’il y a d’autres défections…
É.R.