Il faut être de bonne composition, avoir l’esprit critique sans pour autant se refermer sur soi et garder un peu d’espoir dans l’humain pour continuer à croire que celles et ceux qui dirigent notre société ne se moquent pas des citoyens que nous sommes. Il suffit de suivre (même d’un air distrait) l’actualité pour remarquer au mieux les incohérences des décisions publiques prises au nom du peuple (sic) et pour son confort paraît-il ou, au pire, noter les effets d’annonces publiques éhontées sensées apaiser les mécontentements et calmer les esprits échauffés des citoyens français qui se manifestent de diverses façons. Il est vrai que les « promesses n’engagent que ceux qui les écoutent » a dit, en son temps un vieux « rad’soc’ » de la 4e République, Henri Queuille ; un adage qui voudrait justifier les incapacités des décisionnaires à ne jamais faire ce qu’ils disent. Mais tout de même ! Il semblerait qu’aujourd’hui, plus qu’hier (?) les gens de pouvoir n’ont que faire de leurs engagements pris devant des millions de Françaises et Français. Prenons, par exemple, le fameux « grand débat national ». Sans vouloir faire du mauvais esprit il nous faut pourtant remarquer que celui-ci ressemble à une nasse dans laquelle chacun d’entre nous est empêtré. En effet, il y a ceux qui n’y croient pas et considèrent donc qu’il est inutile d’y prendre part. C’est un point de vue. Il y a ceux qui sont convaincus de son utilité et veulent, à tout prix, exprimer leurs avis sur une et mille choses concernant le mauvais fonctionnement de notre société. Ceux-là sont certains que leurs idées et leurs propositions dès lors qu’elles seront exprimées devant un médiateur, dans une salle polyvalente municipale, seront retenues et recueillies au plus haut sommet de l’État pour contribuer, de facto, à la concorde nationale. Tant mieux ! Et puis il y a les sceptiques. Ceux-là se disent, sans grande illusion, que le grand débat est un machin mais si, pour une fois, les instances gouvernementales étaient sincères et déterminées à agir en prenant en considération les souhaits populaires que ce serait idiot de ne pas y participer. C’est logique. Dans les trois cas, admettons-le, nous sommes pris au piège de l’effet d’annonce de la mise en place de ce grand débat. Qu’importe ! Si la volonté de changement dans la façon de gouverner apparaissait déjà ou si, seulement, les « réformes » contestées étaient mises sous le boisseau le temps de la consultation nationale ce serait de bon augure. Mais ce n’est pas le cas. Au contraire, pour ne citer que de très récentes décisions prises dans la région Centre-Val de Loire, nous sommes amenés à croire que, dès le calme revenu, les choses continueront comme avant. Ainsi, à l’heure même où la contestation des « gilets jaunes » était soutenue par 70 % des Français, dont l’une des revendications était de stopper la fermeture des écoles dans le monde rural, engagement pris, par ailleurs, par le Président de la République en juillet dernier lors de la conférences des territoires et selon lequel « il n’y aurait plus de fermetures de classes dans les écoles primaires dans les zones les plus rurales » voici que tous les départements du Centre-Val-de-Loire sont victimes de disparitions de classes primaires. Pour le seul département de l’Indre, l’académie fermera, au mois de septembre prochain, 28 classes. Dans le Loir-et-Cher, les classes de Chaumont-sur-Tharonne, Noyers-sur-Cher, Châteauvieux etc. subissent le même dictat académique tandis que les protestations officielles du député Guillaume Peltier restent lettre morte. L’Eure, le Cher ne sont pas épargnés par le phénomène. Allez comprendre ! Autre exemple. Toujours au plus fort de la contestation des « gilets jaunes » (et quel que soit ce que l’on pense de ce mouvement) qui disent s’opposer au démantèlement des services publics – et qui le font savoir – on ferme les centres des impôts. Ainsi, à l’heure où le gouvernement cherche à nous convaincre (avec raison) d’agir en faveur de la diminution des méfaits écologiques produits par la pollution des énergies fossiles, on oblige le citoyen-contribuable à prendre sa voiture pour rejoindre un centre d’impôts déplacé à 50 kilomètres. C’est le cas pour les bureaux de Saint-Aignan-sur-Cher qui ont été transférés à Blois. Allez comprendre ! Les hôpitaux, les maternités de proximité continuent et ce, malgré l’opposition des habitants des régions concernées, à être supprimés et exigent donc, là encore, des déplacements automobiles de dizaines de kilomètres. La santé publique est-elle un « business » et doit-elle être gérée pareille à une grande entreprise ? À chacun sa réponse. Les incohérences politiques se nichent partout et posent la question des compétences des élus qui votent, parfois, des réalisations techniques plus ou moins désastreuses et surtout contraires aux vœux de la population. Depuis, des décennies, les petites lignes SNCF, pourtant utiles à la circulation des gens entre les villages et les petites villes, moyen de déplacement, là encore, plus écologiques que les bus et les voitures, sont supprimées. La raison essentielle qui nous a, en son temps, été présentée pour légitimer de telles décisions : donner la priorité aux TGV. On nous l’a dit, répété, affirmé : l’avenir c’est le Train à Grande Vitesse ! Mais boum, on nous apprend -et c’était il y a quelques jours bien que cette situation ait déjà été dénoncée plusieurs fois dans un passé récent – que de nombreuses ligne TGV ne sont pas rentables. Ainsi, la liaison Strasbourg-Lyon-Marseille sera bientôt définitivement supprimée et, globalement, de région à région la circulation des TGV est peu à peu réduite. Cette tendance est importante puisque en cinq ans seulement (de 2012 à 2017) le nombre de liaisons TGV a été réduit de 2% par an. Conséquence : plus de petites lignes et de moins en moins de TGV. Allez comprendre ! Bref, toutes ces contradictions, ce manque de cohérence affichée, présagent mal une sortie de crise démocratique, puisqu’il s’agit bien de cela, en toute sérénité.