Le rapport de Centre-Val de Loire a été remis le 13 décembre dernier. La docte commission a donné quelques préconisations à l’Agence régionale de santé (ARS), l’hôpital et tutti quanti pour redresser la situation financière de l’établissement jugé loin d’être en bonne santé financière. Trop de lits dans le Cher, pas assez de médecins sur l’arrondissement, et des Vierzonnais qui vont voir ailleurs. Les chiffres ne mentent jamais. C’est bien là le problème …
La défense de l’hôpital public de la deuxième ville du Cher aura été, durant de nombreux mois, exemplaire. Depuis que s’opposent médecine pour les patients et médecine pour les clients, c’est toute une logique de vie qui est remise en question. Pour la santé, tant au niveau local que départemental, que régional, que national, il est fort probable que les mois à venir ne soient pas placés sous les meilleurs auspices.
Plus de 600 lits en trop dans le Cher – 183 en médecine, 320 en chirurgie, 115 en obstétrique- nul doute que la pilule va être difficile à avaler en Berry ( l’Indre est aussi dans le colimateur ). Du coup, la mise sous tutelle de l’établissement hospitalier vierzonnais n’est certes pas la conséquence de l’audit présenté par la chambre régionale des comptes, mais elle participe d’une reprise en main afin de redresser une situation amplifiée par plusieurs facteurs. Outre une démographie en baisse, outre un vieillissement de la population, outre que « la principale origine des difficultés financières du centre hospitalier de Vierzon (CHV) relève de l’absence de pilotage des effectifs en lien avec l’activité », une désaffection des potentiels utilisateurs a été constatée. « Entre 2013 et 2017, sur sept des dix communes majoritairement pourvoyeuses de patients, le CHV a connu une baisse constante du volume de sa patientèle en médecine-chirurgie-obstétrique » écrit la commission.
Le CHV classé en zone d’intervention prioritaire
Le classement récent du territoire en zone d’intervention prioritaire – caractérisée par une offre insuffisante ou par des difficultés dans l’accès aux soins concernant la profession de médecin – a permis la mise en œuvre de différents dispositifs comme l’ouverture d’un centre de santé, sous la forme d’un groupement d’intérêt public dont l’hôpital est membre. Cependant, l’arrondissement de Vierzon « demeure sujet à un important phénomène de désertification médicale qui ne facilite pas la fluidité du lien entre médecine de ville et hôpital. »
Après avoir listé tous les éléments la chambre a émis plusieurs propositions : recentrer son activité sur ses atouts réels, son secteur médecine entre autres, identifier ses axes de développement comme apporter des réponses au déficit de médecine de ville, anticiper la progression des besoins en soins d’une population vieillissante. En ce qui concerne les sujets brûlants, comme la chirurgie et la maternité, cela risque de piquer un peu. Selon les contrôleurs, et les calculs de l’office régional de santé -qui donne les bases qu’il veut- il faut donc envisager «la réduction de l’activité en chirurgie en deçà du seuil défini … » et propose « de mettre fin à ce secteur au moins en hospitalisation complète, au vu des risques auxquels un choix contraire exposerait les patients. » À mots à peine couverts, la chambre dit que ça pourrait craindre et dans la foulée, par dégât collatéral ou CQFD (Ce Qu’il Fallait Démontrer) arrive à la conclusion « sur le fait que le maintien d’une maternité sans chirurgie serait structurellement déficitaire et ne peut donc se concevoir sans ajouter une aide spécifique à toutes celles déjà évoquées précédemment. »
Avant de partir sous d’autres cieux Florent Foucard, alors directeur du site de Vierzon, avait fait part, en novembre dernier, de l’impossibilité de produire le plan d’économies demandé. Selon la chambre sa réponse précisait « que le constat de cette impossibilité repose sur le fait que, même si une réflexion sur un projet médical a bien été engagée avec la communauté médicale, la moindre refonte de l’offre de soins produirait des oppositions sociales et politiques permanentes et profondes. » Il n’est pas certain, après étude de ces derniers textes que les prochaines réunions soient calmes et sereines.
Fabrice Simoes
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