CENTRE-VILLE En 1990 le Cours Saint-Luc c’était un ensemble de logements et de commerces avec Casino comme double locomotive. Vingt-huit ans plus tard la page est tournée grâce à une double opération originale.
Pierre Belsoeur
Lorsqu’il a été élu, en 2014, Gil Avérous a bénéficié des réalisations de son prédécesseur, mais il a également hérité de dossiers empoisonnants. Jetons un voile pudique sur Ozans dont le projet de hangar géant n’a pas d’effet aimant sur les logisticiens et reconnaissons qu’il y a du mieux du côté des friches industrielles. Mais surtout il y avait les dents creuses du centre-ville : la rue de l’Echo dont le projet commercial était ficelé et le Cours Saint-Luc.
Réalisé sur l’emprise d’une ancienne fonderie à la fin des années 80, le Cours Saint-Luc était destiné à faire le lien entre la place Voltaire et le centre-ville grâce à un cheminement piétonnier. Des logements confortables avaient à leurs pieds les commerces pour vivre en centre-ville. Le supermarché et la cafétéria Casino étaient les locomotives commerciales de cet ensemble. Et puis, en 2014, l’équipe municipale s’est retrouvée avec un cours Saint-Luc en panne. La cafétéria était fermée depuis des années et le supermarché moribond rebondissait de plus en plus faiblement au fil d’enseignes éphémères. La première idée de la nouvelle équipe municipale fut de déplacer Cours Saint-Luc le manège de la place de la République. En pure perte. Mais s’agissait-il de dynamiser le Cours ou de dégager la place ?
Un atelier de production en Centre-Ville
Plus judicieux, le choix d’abandonner la vocation commerciale de la cafétéria et de quelques cellules adjacentes a offert un lieu entièrement de plain-pied aux personnes âgées où social, divertissements et cours variés font bon ménage.
Et puis il y avait les 1800m2 du supermarché. « Le contrat Action Cœur de Ville -a rappelé le maire lors d’un conseil municipal extraordinaire convoqué au cœur de juillet- pour lequel Châteauroux a été retenu permet d’épauler des projets innovants avec des fonds d’Etat. Notre projet était donc de convaincre un industriel souhaitant s’installer dans l’agglomération de choisir le centre-ville plutôt que les zones d’activité de périphérie puisque son activité était compatible avec ce choix. »
C’est ainsi que la municipalité de Châteauroux et l’entreprise Rioland, maroquinier dont le siège est à Vicq-sur-Nahon, ont trouvé un accord. La ville va racheter les locaux qui étaient restés propriété de la SNC des Francs, la filiale immobilière du groupe Casino pour 900 000€ (inférieur de 100 000€ à l’estimation des domaines). Rioland effectuera les travaux nécessaires pour transformer l’ancien supermarché en atelier de production et paiera un loyer de 5 000€ à la ville lorsque cet investissement aura été amorti. « Dans quinze ans, rassure Gil Avérous, nous serons propriétaire d’un patrimoine qui ne nous aura rien coûté. » Cette acquisition ne nécessite pas de recours à l’emprunt puisque la vente de La Charmée (3M€) couvre très largement cette dépense qui a fait l’objet d’une décision modificative du budget. La subvention d’Action Cœur de ville s’élèvera à 127 700€.
Du développement, pas du transfert
Chantal Delanne, au nom du groupe communiste du conseil, a posé la question qui brûlait les lèvres de tout élu responsable : est-ce que l’installation de Rioland à Châteauroux ne va pas correspondre à la fermeture d’un des ateliers de l’entreprise dans le nord de l’Indre. Gil Avérous l’a rassurée, Rioland est en plein développement comme sous-traitant des grandes marques de maroquinerie et avait épuisé les ressources du bassin d’emploi du nord de l’Indre. L’atelier qui devrait démarrer avec vingt employés pour monter à cent emplois dans quelques années recrutera à Châteauroux le personnel très majoritairement féminin nécessaire à son fonctionnement. La localisation en centre-ville et la qualité des locaux doivent être autant d’atouts pour que le recrutement s’effectue dans de bonnes conditions. On peut compter sur les élus de gauche pour suivre ce dossier attentivement.