Pas loin de 400 pages pour tenter de débuter la compréhension de son prochain. C’est ainsi que l’on pourrait expliquer en une seule phrase le recueil « Psychologie de la connerie » sous la direction de Jean-François Marmion. On y retrouve des cons parfaits comme des professeurs en neuro-sciences, des philosophes, des citations d’Einstein – celui d’E=Mc2- et de Hugh Hefner -celui de Playboy- mais pas un seul mot sur la liste de revendications de gilets jaunes. Écrit trop tôt certainement. Probablement mis sous presse avant le ras-le-bol populaire qui avait pourtant eu bien des occasions de se manifester avant cet hiver.
Oublié le code du travail effeuillé et réduit à l’expression la moins prolétaire possible pour plus de faveurs patronales. Oubliée l’ouverture aux marchés des services publics, du gaz, de l’électricité. Oubliée la « vente » des autoroutes à des sociétés privées, des aéroports à de l’actionnariat hors frontières. Oubliées les prises de capitaux dans les sociétés d’État comme on oublie la future privatisation, au moins partielle avant abandon définitif, de la Française des jeux. Les porteurs de vestes de sécurité imposées par Nicolas Sarkozy n’étaient alors pas dans la rue, encore moins sur les rond-points. Pourtant c’était aussi pour le bien de tous…
Peut-être qu’un RIC, pour Référendum d’Initiative Citoyenne, seule vraie demande collective des GJ, aurait donné quitus à nos décideurs. Ou peut-être pas ! Le RIC, couteau suisse de la nouvelle démocratie populaire ? Et si une minorité n’est pas raccord avec le résultat du RIC, elle peut sortir son gilet jaune et manifester alors… On peut se demander quels seraient les résultats, à l’heure actuelle, quant aux lois sur la peine de mort ou de l’IVG. Le lobbyisme acharné et les fausses informations -fakes news- sont devenues l’apanage de la génération X, celle qui croit n’avoir rien à apprendre et veut tout imposer. Quant à la Y, elle est plus proche de la bêtisitude infinie, un concept défini par Albert, celui qui tire la langue aux photographes, par « Le génie pourrait se confronter à des limites, mais la stupidité ne connaît pas un tel handicap. » X et Y, utilisateurs par excellence, voir en excès, des réseaux sociaux, bercés par Anonymous et Sputnik, ont découvert au cours de ces huit dernières semaines que l’on pouvait vivre ensemble et discuter, partager, rire et pleurer, mieux encore en prise directe avec son voisin que derrière un écran. Les rond-points sont devenus ces assemblées du peuple qu’encensait Balzac, même si on peut plus parler de foule que de peuple en ce qui concerne les différentes manifestations. C’est déjà ça. Problème : il faudra bien, un jour, demain même, que quelques uns sortent du lot. C’est un minimum pour porter des aspirations et que vive une démocratie. Même le POUM avait des représentants en 1936, lors de la victoire du Front populaire en Espagne. Et pourtant …
Je dis ça. Je dis rien. Comme l’écrit l’écrivain et scénariste Jean-Claude Carrère, « La pire bêtise c’est de se croire intelligent »