Le mois de décembre 2018 a été riche en annonces pour le député et conseiller régional, Guillaume Peltier, plusieurs amendements défendus par ce dernier ayant été adopté au conseil régional : limitation de l’engrillagement en Sologne, moratoire fiscal, chèque mobilité carburant. Coups de com’ ou réelles avancées ? Il nous répond.
On vous entend depuis plusieurs mois vous exprimer au sujet de l’engrillagement en Sologne. Vous venez de faire voter un amendement régional pour limiter les clôtures, qu’en est-il concrètement ?
Cela fait presque cent ans que le sujet de l’engrillagement est évoqué. Depuis des décennies, rien n’a été fait sur le sujet. Il y a aujourd’hui 4 000 km de grillages qui dénature le territoire et peuvent causer des dommages assez lourds au niveau cynégétique et sanitaires. Cela fait 5 ans que je me bats sur le sujet. En 2016, après 2 ans de consultations, nous avons réussi à mettre en place un comité de pilotage avec comme cadre de réflexion deux valeurs fortes : la défense du droit de propriété et le devoir de transmission d’une Sologne ouverte. Après 18 mois de travaux, j’ai pu proposer et faire voter par la majorité des élus du conseil régional cet amendement historique dans le cadre du SRADDET (schéma régional d’aménagement territorial). A partir du 1er janvier 2020, aucune clôture nouvelle ne pourra dépasser 1,20 m en Sologne et la clôture devra être réalisée en matériaux naturels comme la brémaille. Cela marque un vrai coup d’arrêt aux excès que l’on connaît aujourd’hui.
Les PLU (plans locaux d’urbanisme) de certaines communes prévoient déjà ce type de limitations. Ils ne sont pas respectés et n’ont pas empêché la prolifération des clôtures. Pourquoi pensez-vous qu’il en sera autrement avec cet amendement ?
Le problème avec les PLU était que toutes les communes n’avaient pas adopté les mêmes règles. Vous vous retrouviez donc avec des règlementations différentes d’une collectivité à l’autre et une même propriété pouvait être soumise à des mesures différentes, c’était donc compliqué à faire respecter. Le SRADDET, au contraire, s’impose à tous, sur tout le territoire de la Sologne, toutes les communes seront obligés de s’adapter au schéma. Par ailleurs, nous voulons que le pouvoir d’investigation et de contrôle soit renforcé.
Cet amendement permet d’agir sur les clôtures à venir mais que comptez-vous faire pour les grillages existants ?
J’ai conscience qu’il reste beaucoup à faire. Cet amendement est une première victoire mais pour mettre fin au phénomène, il faut aller plus loin. C’est pourquoi au nom de l’exemplarité, du bien commun général, je veux que nous entrions maintenant dans une phase de concertation avec les propriétaires afin de les convaincre d’arrêter de se clôturer. C’est la deuxième étape de mon action.
Vous êtes député, ne serait-il pas plus simple de déposer une proposition de loi pour limiter l’engrillagement ?
Ce sera la troisième étape. Dès octobre prochain, je déposerai une proposition de loi et des amendements au projet de loi de finances, visant à mettre en place des aides fiscales afin de rétablir un certain nombre de gardes-chasse sur le territoire. Cela aura un double impact : la création d’emplois de gardes-chasse et de gardes-forestiers en Sologne et la possibilité pour les propriétés d’être mieux protégées rendant inutiles la mise en place de clôtures. Je suis très attaché à la chasse qui représente 13 à 14% de notre économie locale.
Lors de la session du conseil régional en décembre dernier, vous avez également proposé deux mesures, mise en place d’un chèque carburant et moratoire fiscal pour 2019 ?
Au sein de ma permanence, je reçois des dizaine de personnes, je rencontre des artisans, des commerçants et je me suis rendu compte, bien avant le mouvement des gilets jaunes, de l’injustice dont nous sommes victimes en province en raison du coût du transport. En moyenne, en France, on parcourt 40 km par jour pour aller travailler. Cela représente un coût de 490 euros par mois pour tout travailleur. Ce que je propose avec le « chèque carburant » est de permettre aux entreprises, sans impôt ni charge, d’aider leurs salariés à financer une partie de leurs frais de transport jusqu’à 100 euros par mois. C’est un moyen de récompenser ceux qui travaillent. Par ailleurs, nous avons aussi fait adopter le principe d’un moratoire fiscal pour l’année 2019, c’est-à-dire qu’aucun impôt ni taxe n’augmentera en 2019 pour les habitants de la région.
Cette dernière mesure ne relève-t-elle pas plutôt du symbole, la région n’ayant pas manifesté l’intention d’augmenter les impôts pour l’année à venir ?
Peut-être, je ne sais pas quelles étaient les intentions de la majorité. En revanche, ce qui est certain avec cet amendement, c’est que les citoyens sont sûrs qu’il n’y aura aucune augmentation d’impôts en 2019. Si l’État et toutes les collectivités prenaient cet engagement, les citoyens seraient rassurés. Ce qui est réalisable par la région doit pouvoir l’être par l’État.
Vous étiez présent sur les ronds-points dès le début du mouvement des gilets jaunes. Quel est votre position par rapport au mouvement aujourd’hui ?
J’ai compris leurs demandes et soutenu le mouvement du 17 novembre. J’ai aussi dénoncé tous les débordements et toujours dit que les blocages étaient inutiles. Il faut aujourd’hui passer aux propositions concrètes, à l’exemple du chèque carburant.
En fin d’année, vous avez annoncé que le forum des entreprises aurait lieu cette année dans la vallée du Cher. Pourquoi cette délocalisation?
Effectivement, dorénavant, le forum aura lieu une année sur deux alternativement en Sologne et vallée du Cher. Le forum est un succès sur le territoire avec 60 000 visiteurs en 4 ans. Le rôle d’un élu lorsqu’une expérience réussit est de l’étendre à d’autres territoires. Le forum va contribuer à montrer l’attractivité de la vallée du Cher. Pour cette première édition, nous avons fédéré 7 communautés de communes et la quasi-totalité des collectivités, nous espérons réunir 200 entreprises. Le forum aura lieu les 4 et 5 mai avec une grande soirée à la Pyramide de Romorantin le samedi soir et un parrain d’exception en la personne de Stéphane Bern. Il y a beaucoup d’enthousiasme autour de cette rencontre qui va permettre à tous ceux qui cherchent un job d’avoir accès à toutes les offres d’emploi d’un même secteur.
Le forum des entreprises est une réussite en terme de communication, mais permet-il réellement de trouver un emploi ?
Oui si l’on fait un ration entre le nombre d’entreprises présentes et les offres d’emploi sur le site de Pôle emploi, on estime que, chaque année, 200 personnes, en moyenne, ont trouvé un emploi grâce au forum.