Le cycle automnal des conférences du GRAHS a repris le 20 septembre avec une intervention sur les doléances des habitants d’un bourg de Sologne en 1789, l’exemple de St-André-lès-Cléry de Daniel Boissay, instituteur puis professeur d’histoire au collège de Meung-sur-Loire et au lycée de Beaugency. Le conférencier qui a choisi cette commune à cheval entre le Val-de-Loire et la Sologne et qui était entièrement solognote au XVIIIe siècle, étant originaire de Saint-André d’une famille de vignerons depuis 1613, a évoqué les préoccupations des Solognots à la fin du XVIIIe siècle, à l’aube de la Révolution, à une époque où la France traversait une crise économique et financière importante : catastrophes météo ayant compromis les récoltes, dépenses de l’Etat plus importantes que les recettes, les impôts rentrant mal du fait que beaucoup de Français sont frappés par la misère et que la noblesse et le clergé échappaient au paiement des impôts.
En vue des Etats Généraux réunis à Versailles le 5 mai 1789, les cahiers de doléance étaient rédigés au niveau des paroisses puis regroupés au niveau des baillages.
St-André-lès-Cléry correspondait à une seule paroisse mais deux cahiers de doléances furent rédigés car les bourgeois du bourg de Cléry ne voulaient pas se mêler aux vignerons de Saint-André… Le cahier de doléances de Saint André influencé par le marquis de Poterat, seigneur du Mardereau, aristocrate éclairé dont l’un des députés de Saint André était le plus important fermier, était plus conséquent que celui de Cléry. Au niveau politique, la séparation des pouvoirs est demandée, le roi conservant l’exécutif (Louis XVI était populaire en 1789), le respect de la liberté individuelle, la responsabilité des ministres devant la justice, l’obligation pour le clergé de payer des impôts. On y trouve aussi beaucoup de doléances religieuses, dénonçant les abus du haut clergé, demandant la formation des prêtres afin qu’ils soient à la fois instruits et de mœurs irréprochables, la suppression de la dîme et du casuel, la fin du cumul des bénéfices (le curé de Saint André était aussi chanoine de la collégiale de Cléry, avec un double revenu). Un seul article est consacré à la noblesse qui doit renoncer à ses privilèges. Une réforme de la justice est demandée : dénonciation du cumul des fonctions judiciaires, nomination des juges par la Nation, suppression des « petites justices » (il en avait sept à Saint-André !) Les doléances fiscales demandent un meilleur contrôle des corvées, suppression des impôts indirects (aides, gabelle…), des fermiers généraux, simplification de la taille.
Le cahier de doléances de Clery concerne des préoccupations plus locales (comme le transfert de l’église paroissiale, située à Saint André, à la collégiale située au centre du bourg de Cléry qui fut décidée par décret du 15 juin 1791, réunissant les deux municipalités, l’église de Saint André étant démolie) , voire personnelles avec comme points communs avec celui de Saint-André, la suppression des petites justices, l’allégement et la meilleure répartition des impôts.
Le 30 novembre 1918, la commune devient Clery-Saint André, le nom qu’on lui connait actuellement.
Prochaine conférence du GRAHS, le 18 octobre à 19 h30 au cinéma Le Mélies : « De la collection Pasquier à Céra’Briques : dans les coulisses d’un musée », par Julie Brossier.
F.M.