M. le président, Philippe, Fifi, mon ami, un dernier salut !


La mort d’un être cher est toujours une triste épreuve. Elle l’est encore plus lorsque celui qui disparaît a partagé une grosse partie de votre vie. Et, quand j’étais rédacteur en chef du Petit Solognot, j’ai partagé tant de choses avec Philippe Charbonnier. Nous avons connu des joies, des périodes difficiles, des critiques injustifiées. Il avait mon soutien et il le savait. Une belle amitié nous unissait et j’ai le cœur lourd.
Philippe a tenu pendant près de 30 ans un magasin de prêt-à-porter dans la rue Georges-Clemenceau. Il fut aussi présent et actif dans l’association des commerçants pour faire battre le coeur de Romorantin. L’engagement associatif, il tenait ça de son père. Ce fut une page importante pour lui, pour la ville : 30 ans au conseil d’administration dont 9 ans de vice-présidence et 11 ans de présidence et aussi en initiatives et en résultats. Avec lui, l’association est entrée au fil du temps dans la modernité grâce au rapprochement fructueux avec la mairie, participation et concertation avec la municipalité sur les changements, les rénovations, les travaux du centre-ville, une communication moderne et efficace, des animations diverses et variées…
Disponible, au service de sa ville, il s’est toujours impliqué, comme en témoigne son entrée dans l’équipe municipale de Jeanny Lorgeoux. Cela tenait plus de l’amitié pour le maire en place, qui avait parfaitement compris qu’il fallait soutenir le « petit commerce ». L’intérêt général était ce qui comptait. Comme l’incompréhension sur le Village de Marques, car s’il avait saisi tout le bien que Romorantin pouvait tirer de cette implantation, il pensait que ce projet aurait mérité un autre accueil ou tout du moins un regard plus attentif avant des prises de position tranchées, il avait quand même défendu la position de la majorité. Ces responsabilités l’ont parfois amené à affronter des situations compliquées, mais Philippe Charbonnier a toujours fait face : « J’aime ma ville, j’aime le monde associatif et je n’ai pas fait tout cela dans un but personnel et à la place qui était la mienne j’ai essayé de défendre le mieux possible l’intérêt de tous » répondait-il à ses détracteurs.
Il aura également marqué l’aventure des Journées Gastronomiques de Sologne, créée par Robert Guérin. Aventure dont il tenait fermement la barre dans les quelques coups de vent qu’il dût affronter mais aussi dans les belles réussites jusque cette arrivée dans les anciennes usines Matra, qu’il attendait avec impatience, certain qu’il était que cela relancerait cette grande fête gourmande.
Philippe Charbonnier est mort le même jour que Joël Robuchon, l’un de ces grands chefs qu’il admirait tant, curieux hasard dans le destin de cet épicurien, amoureux, défenseur du terroir solognot et de la gastronomie française.
Philippe, mon ami, réserve-moi une place à ta table là-haut où nous repasserons des heures à discuter ensemble.
Toutes mes pensées, celles de la direction et du personnel du Petit Solognot, vont vers Martine, sa famille, ses proches, pensées empreintes d’un profond chagrin.
Gérard Bardon