MÉMOIRE Le musée de Vierzon avance dans sa démarche de rendre compte de son territoire et des évolutions au fil du temps.
Etablissement labellisé « Musée de France » par le ministère de la culture, le musée de Vierzon a entrepris une démarche tout a fait novatrice en collectant et diffusant, sur un portail internet dédié, les témoignages relatifs à la mémoire du travail, à Vierzon. Sur ce site (www.memoirevierzon.msh-paris.fr), on peut trouver des entretiens filmés et des archives personnelles qui racontent la vie des femmes et des hommes qui ont fait et font l’histoire industrielle de cette ville. Porcelaine, verrerie, industries mécaniques, confection ; secteurs riches en savoirs, compétences et innovations. C’est plus de cent heures d’entretiens filmés qui sont proposées. Cette recherche sur la mémoire du travail à Vierzon, portée par des universitaires de Tours, s’accompagne d’une dimension réflexive sur la place de l’image dans la construction de la mémoire collective et dans le processus de patrimonisation de la ville. Travail intéressant et complet né d’un partenariat avec l’Université Rabelais de Tours (CETU ETICS), le laboratoire CITERES et la Fondation Maison des Sciences de l’Homme et le laboratoire ESCOM-AAR pour la création d’un portail dédié à cette mémoire industrielle. Une projection publique, consacrée à un atelier vierzonnais de confection (Etablissement Robinet), avait lieu ce début juillet à la Décale. Dernièrement le musée de Vierzon qui s’étoffe d’année en année et qui propose une excellente gamme de collections notamment celle qui vient d’être actualisée et qui concerne la confection. Un domaine d’emploi qui fut sur cette ville très important notamment au 19e et 20e siècles rendant Vierzon ville prospère. Les pièces exposées dans le musée témoignent du savoir-faire unique de ces « petites mains » qui donnaient à Vierzon ses lettres de noblesse dans le prêt-à-porter. Les vêtements étaient coupés dans l’atelier et déposés chez des couturières travaillant à domicile. C’est le cas de l’atelier Rousseau devenu une confection qui a employé jusqu’à quarante ouvrières. Un autre atelier de confection, l’établissement Robinet, a été le support du film réalisé dans le cadre de la recherche Memovi. Des témoignages rassemblés permettent de faire revivre cette entreprise vierzonnaise de prêt-à-porter féminin prospère dans les années 1950-1970 et qui emploiera jusqu’à cent personnes. C’est l’époque où Monique Galland reprend avec son mari l’entreprise familiale de confection fondée par sa mère. Le petit atelier situé alors à Lury déménage pour Vierzon rue du Champanet. Des anciennes salariées ont témoigné devant la caméra et rappelé combien le travail était plaisant, elles qui travaillaient alors, pour la Redoute, les 3 Suisses. Toute cette époque où régnait convivialité et partage est retracée dans ce film jusqu’à la crise qui frappa toutes les entreprises de confection en 1980 avec l’arrivée sur le marché d’articles fabriqués en Chine. Moments d’émotion pour beaucoup et belle histoire mémorielle pour cette ville qui se métamorphose après une longue traversée du désert. La mémoire vive ; rien de tel pour entretenir non seulement les souvenirs mais l’espoir.
J.F.