Réchauffement climatique : Impact de la forêt de Sologne sur la formation de nuages
Il est connu que les forêts limitent l’effet de serre additionnel (réchauffement climatique), à l’échelle de la planète, en captant une partie importante du CO2 (dioxyde de carbone) qui est un gaz à effet de serre émis par l’activité humaine. Les forêts ont aussi un impact régional sur l’hydrologie et le climat du fait des échanges thermiques (flux de chaleur) entre le sol, le couvert végétal et l’atmosphère. Des effets liés à la formation de nuages et aux précipitations peuvent aussi être importants. Par exemple, les nuages vont réfléchir, vers l’espace, une partie du rayonnement solaire et prévenir que ce rayonnement réchauffe l’atmosphère et la surface terrestre. Cependant, l’impact des forêts tempérées sur la formation des nuages est en grande partie inconnu ou mal connu. Une étude internationale (Pays-Bas, Belgique, Royaume-Uni, France) basée sur l’analyse des données recueillies pendant 10 ans entre 2006 et 2016, avec une résolution de 15 minutes, par des satellites géostationnaires au-dessus de deux zones forestières tempérées d’Europe occidentale, la Sologne et les Landes, répond à cette question (Références : Teuling et al., Nature Communications 8 : 14 065 (2 017). Il s’avère, par comparaison avec des zones non couvertes de forêts, comme les champs et prairies qui entourent la Sologne, que le couvert végétal (dominé par les chênes rouvres et les chênes pédonculés (Quercus petrea et Quercus robur) pour la Sologne et par le pin maritime (Pinus pinaster) pour les Landes) induit un couvert nuageux plus important. Une autre preuve de ce phénomène est apportée par le cyclone Klaus qui s’est abattu sur les Landes en 2009 et qui n’a pas impacté la Sologne. L’important déracinement occasionné a conduit à une diminution significative de la couche locale de nuages au-dessus des Landes pendant les cinq années ultérieures. En conclusion, les forêts tempérées, en favorisant la formation de nuages, peuvent limiter la température diurne localement. Ces formations de nuages pourraient un jour être exploitées, en particulier, à proximité des zones urbaines.
Laurent Catoire
En rouge : zones urbaines, en jaune : terres cultivées, en vert foncé : forêts, en vert clair : prairies, en gris : autres zones, en bleu : eau. Les trois carrés indiquent les zones analysées : forêts (trait épais) et non –forêts (traits fins).