SANTÉ « Avec 800 personnes nous serions déjà satisfaits mais nous espérons beaucoup plus » disaient Maryvonne Roux et Jean-Claude Houbion, responsables syndicaux et membres de l’intersyndicale des agents hospitaliers de Vierzon. Leur vœu a été exaucé au-delà de leurs espérances.
Jacques Feuillet
C’est plus de 2000 personnes (2 500 selon l’intersyndicale) qui se sont massées, début juillet, devant le centre hospitalier vierzonnais, pour bâtir en se donnant la main, une chaine humaine imposante qui entourait tout l’établissement. Rues Léo Mérigot, de l’Hospice, Millière et Blanqui, des milliers de personnes de tous âges, de tous milieux sociaux professionnels, agents et simples citoyens. Tous étaient là parce que la situation est grave. Un drone affrété par la ville survolait la manifestation et prenait des photos acclamées par cette procession paisible, mais forte de convictions.
Le maire, Nicolas Sansu, présent, s’indignait : « c’est terrible qu’un gouvernement et une administration ne pensent qu’en matière comptable alors que nous savons qu’il s’agit de respect du territoire. Cela fait 30 ans que l’on croit que c’est en diminuant les crédits à la santé qu’on va diminuer le déficit de la sécurité sociale ; c’est un non-sens. Aujourd’hui, la vraie question est de décider quelle part des richesses nationales doit-on mettre dans les soins et la santé des personnes ? Que nos personnes âgées puissent vivre dignement jusqu’à la fin de leur vie et que tous les enfants puissent naitre dans des conditions maximums de sécurité. Il devrait y avoir de l’harmonie partout. Donc, la question ne se pose pas en termes de diminution des dépenses pour contribuer à diminuer le trou de la sécurité sociale ; c’est un combat d’arrière-garde de la part d’un gouvernement qui n’a pas compris que mettre des dépenses de santé c’est aussi participer à la richesse nationale. Lorsqu’on investit dans la santé publique en formant des femmes et hommes de qualité, compétents, on met de la richesse dans son pays. 30 ans que la volonté exprimée est de fermer des hôpitaux en espérant que cela diminuerait des dépenses de santé ; c’était un non-sens. Alors oui, il y a la solution anglo-saxonne où les riches peuvent se faire soigner et les autres subissent. »
Maryvonne Roux, intersyndicale du centre hospitalier, précisait la position des personnels : « Cette forte mobilisation était un objectif important dans notre combat qui dure tout de même depuis
4 semaines. Cette mobilisation citoyenne répond au mépris affiché de l’organisme de tutelle, l’Agence Régionale de Santé, qui reste sur sa position faisant la sourde oreille. La directrice se retranche toujours derrière ce fameux projet d’établissement qui, je rappelle, a été signé en décembre 2016 et six mois après, on nous demandait de le réécrire. Pour nous c’est très clair, que ce soit la ministre actuelle ou celle d’hier, elles mènent le même combat : détruire l’hôpital public et notamment les centres hospitaliers comme le nôtre. ». Position confirmé par Jean-Claude Houbion, également membre de l’intersyndicale qui ajoutait : « Cette puissante mobilisation est un symbole fort de la population et des agents pour que l’hôpital garde tous ses services. Les rencontres avec les tutelles ne donnent rien, cette attitude de faire la sourde oreille et ne rien faire, pourrit la situation alors que la population est en attente de réponses concrètes. Cette idée, bien ancrée dans sa tête et qui suit les ordres du gouvernement de faire des économies sur tous les hôpitaux, est absurde et dangereuse pour l’accès aux soins et à la santé pour tous. Il est impossible dans un bassin comme le nôtre d’environ 60 000 personnes de se passer de soignants. Nous avons dû pallier un manque de médecins et soignants sur l’hôpital de Bourges : c’est un comble. Il n’y a pas de problème de ce genre à Vierzon et pourtant, l’ARS stigmatise notre centre hospitalier… »
Pour André Rodier, un usager, interpellait la députée : « cette forte mobilisation montre que sauver notre hôpital ce n’est pas simplement les agents qui sont concernés mais tous les habitants. C’est tout ce que le conseil national de la résistance a mis en place que l’on veut détruire : c’est intolérable. J’aurai aimé voir notre député dans cette chaine humaine qu’en pense t-elle, elle qui vote les lois ? ».
Quant à Michel Lair, directeur de l’hôpital de 1980 à 1996, il apportait clairement son soutien à la manifestation : « cela fait des années que l’on serre la vis et pas spécialement à Vierzon car tous nos hôpitaux de proximité sont dans cette même et désastreuse situation. Les gouvernements successifs asphyxient l’hôpital public. On parle peu ou pas des cliniques ; veut-on la privatisation de la santé ? Je suis surpris d’entendre de la part de l’autorité de tutelle « faites votre projet médical ». Mais comment voulez-vous le faire lorsque vous ne savez pas ce qu’il va y avoir comme financements ? On ne sait même pas comment on va pouvoir recruter les médecins ? On devrait les obliger à aller là où on en a besoin et non là où ils veulent aller. En leur donnant des compensations bien entendu et dans ce domaine, les politiques savent bien faire non ? Eux qui savent si bien donner des leçons ».