Ce que j’aime chez Daniela, c’est que l’on peut s’y mettre à trois.
J’étais tranquille, j’étais peinard … Rangées les espadrilles, rangés les maillots de bain, rangé… L’été, il fait chaud. En août, les gens vont à la plage, font des mots croisés, surveillent les petits. En août c’est temps libre, farniente et feux de forêts à la télé. C’est le mois où les infos sont réduites à leurs plus simples expressions. Celui où on ne veut pas faire la publicité de Daesh, de ses attentats, de ses nouvelles victimes innocentes, de ses cons, vertis ou pas, de ces chancres d’un dieu unique. Essentiellement aussi parce que ce n’est pas chez nous. Des victimes drapées de rouge et jaune sont bien moins importantes qu’en bleu-blanc-rouge. Alors on se rabat sur les décès des anciennes stars. Celles de quand on était petit. Celles de quand on l’était un peu moins (petit). Ça occupe un peu les journalistes en attente du dernier sondage à la noix. A ce sujet, il faudra bien un jour faire le total du pourcentage de gens qui désapprouvent la politique menée par le gouvernement. A la fin du quinquennat ? Celui-là mais les autres aussi. Normalement, cela devrait dépasser allégrement les 100 %. Quelque soit la qualité ou non des réformes.
Parmi les artistes, âgés ou pas, qui ont rejoint une autre scène durant la coupure vacancière, y avait un mec, Vincent Lemoine surnommé Twistos, capable d’écrire une perle comme « Daniela ». Celui-là mérite toute notre considération, à défaut de notre approbation. A lire comme ça, au 1er degré, pas certain que les bonnes âmes ne s’offusquent de ses paroles perverses. Il aurait dû écrire en anglo-saxon parce que « Moi, ce que j’aime, chez Daniela, c’est que l’on peut y mettre les doigts… » ça craint dans le nouveau monde de l’aseptisation assumée. Issue de l’album « Copulation », voilà un peu plus de 20 ans, cette chanson largement plébiscitée à sa sortie, ferait un nouveau tabac (paquet neutre bien sûr) auprès de toutes les ligues de défense, contre ou pour, c’est selon, si elle revenait sur les ondes. Les représentantes (ts) des femmes battues, des ligues contre le sexisme, la misogynie, les chiennes de garde, les petites Sœurs des pauvres, des riches aussi, le/la secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, et toutes ces sortes de choses auraient été de la partie. Et on ne parle pas des nouveaux ayatollahs de la bien-pensance et du bon droit obligatoire, de l’uniformité et du catalogue papier glacé, des chantres de l’égalité totalitaire par le nivellement intellectuel. Par exemple une couverture de « Charlie » qui choque l’un, une semaine, une couverture de « Charlie » qui choque l’autre, la semaine suivante, et c’est l’appel à la justification des assassinats de janvier 2015. Dire « merde » à une religion un jour et « va te faire empapaouter à une autre » le lendemain, « je conchis les cons » à l’aube d’un troisième jour, c’est aussi accorder le droit aux autres de ne pas croire. Personne n’oblige personne à lire, et à acheter le journal qui se veut satirique et pas d’informations générales. C’est comme si M’dame’ Morano portait plainte contre Guy Bedos pour l’avoir traité de conn…se. On aime ou pas Bedos, mais personne n’est obligé d’aller le voir en spectacle ! On me susurre que Nadine, Eurodéputé LR, l’aurait fait tout de même et qu’elle aurait été déboutée trois fois : en procès, en appel et en cassation en juin dernier. Comme quoi l’humour n’est décidément pas à la portée de tout le monde. C’est pourtant un signe d’intelligence selon Atlantico, organe informatif de Droite qui affirme que « Même la pire contrepèterie du monde demande un minimum de facultés intellectuelles ». Quand ça vient de son propre camp, on ne peut qu’acquiescer, non ?
Désormais, il suffit qu’un seul tweet, une seule phrase balancée sur Instagram, un seul commentaire sur Facebook pour que le rien devienne ouragan, le néant un anathème, le deuxième degré une incitation à la maltraitance, au viol et autres saloperies. Projecteurs sur les nouvelles du monde, parfois vraies, souvent fausses, empilage de bêtises, ramassis de pensées préfabriquées et étalonnées par le manque d’intelligence, de culture, de connaissances et surtout d’ouverture d’esprit, toutes choses qui font la différence entre l’humain et la bête, les réseaux sociaux ont en plus l’avantage de permettre l’anonymat de leurs auteurs. Heureusement, les réseaux sociaux n’existaient pas voilà soixante-quinze ans, sinon… peut-être que Vichy serait encore une capitale !
Spécialiste parmi les spécialistes, notre Donald de Washington est un parfait exemple de cette bêtise liée aux 140 signes, à l’instantanée et à l’omniscience cérébrale. Il a décidé qu’il avait raison. Point barre. Qu’il renvoie dos à dos Néo-nazi, Klu Klux Klan, racistes de tous poils et défenseurs de l’égalité des couleurs et des sexes, est déjà synonyme d’une personnalité troublée à défaut d’être trouble. Le gros problème c’est quand il joue à la bataille navale avec Kim Jong-un. Il oublie que c’est pour de vrai. Il s’écrit « A4-B5 » et croit qu’il vient de toucher une vedette coréenne sur son écran de jeu vidéo. Et on a l’autre, le gars du Nord de la Corée, élu démocratiquement par lui-même et ses séides, celui qui s’est trouvé un nouvel ami français, Dieudonné M’Bala M’Bala, qui va dans le même trip. Et que je t’envoie une fusée et que je te réponds que ça va pas tarder à péter… Le souci avec ces deux monstres de l’ère moderne, ce sont les moyens dont ils sont dépositaires. Deux QI dont le total cumulé n’arrive même pas à atteindre le début de la norme pour une seule personne, ça fait peur.
De fait, si on est encore là dans quinze jours, bien revenus des vacances, on en reparle ou pas ? C’est à vous de voir.
Fabrice Simoes