La Chaussée Saint-Victor
Le secrétaire d’État en charge de l’industrie était en déplacement dans l’usine pharmaceutique lundi 6 février. L’opportunité de vanter les mérites du crédit impôt recherche… et également de causer politique.
En novembre 2013, le lyrique ministre au redressement productif Arnaud Montebourg, fervent défenseur du « made in France » avait foulé le sol blésois avec cette phrase qui résonne encore dans les murs de l’entreprise familiale Chiesi. « C’est beau, une usine neuve.» Près de quatre ans plus tard, autre style, autre visite : ladite usine a accueilli lundi 6 février le secrétaire d’État Christophe Sirugue, imposante chevalière au doigt et bracelet tendance à grosses perles au poignet droit, qui a pour sa part encensé le « make in Europe ». Un point commun tout de même : l’Innovair® NEXThaler®, ce petit inhalateur de teinte fuschia à la poudre extra-fine bien salvateur pour les individus souffrant de pathologies respiratoires telles que l’asthme et la bronchopneumopathie chronique obstructive, est toujours produit à la Chaussée Saint-Victor, prochainement au rythme soutenu de 7 millions d’unités par an grâce à l’extension réalisée. L’outil de production de Chiesi, qui fonctionne à 70% à l’export, s’est en effet agrandi sur place, la surface de ses locaux a doublé en moins de deux ans et demi et s’étend aujourd’hui sur 8.000 m² dans la rue Mickaël-Faraday. Le laboratoire italien qui a posé ses idées industrielles en France il y a 25 ans a investi depuis 2013 plus de 22 M€ pour donner du boulot aux 82 salariés qui s’activent actuellement à la tâche à la Chaussée. Les effectifs vont même gonfler de 40 personnes tandis que 10.000 m² ont été acquis par la famille Chiesi sur le parc d’activités des Châteaux en cours d’aménagement à la sortie de l’autoroute A10 par Agglopolys qui s’époumone déjà de cette nouvelle. «La région Centre-Val de Loire produit 40% de la production pharmaceutique nationale, » a rappelé François Bonneau, le président du Conseil régional, pendant la découverte des locaux en question qui aura attiré beaucoup de maires, députés et sénateurs du département, y compris de Sologne. Après avoir quitté charlotte et blouse blanches, Christophe Sirugue a quant à lui évoqué «le Brexit et l’administration Trump, dans un environnement international particulièrement difficile », l’amenant à particulièrement insister sur la réussite de la mise en place du crédit impôt-recherche qui de son point de vue « rend la recherche plus attractive en France qu’en Allemagne ou même aux États-Unis ». Avant de recentrer ses propos localement. «Chiesi est une entreprise qui traduit assez bien la manière avec laquelle on doit répondre à la concurrence en n’oubliant pas les salariés dans le projet industriel et en consacrant des moyens importants à la recherche-innovation. Ici, le choix est extrêmement affirmé et cette entreprise fait face aux transitions notamment numériques. Oui, le numérique peut aussi créer des emplois.»
Des réflexions en marge du sujet
Pendant qu’une plaque aux noms des docteurs Alberto et Paolo Chiesi, entrepreneurs italiens, des était dévoilée devant l‘usine par le maire chausséen Stéphane Baudu, d’autres bons mots d’Arnaud Montebourg résonnaient dans notre tête. En 2013, nous l’avions fait réagir sur des propos de Michel Sapin et la réponse fut autant déroutante qu’évasive, nous laissant songeuse. « La crise ? Madame, mais ça n’existe pas, c’est une pure invention ! » Le style Christophe Sirugue est moins fuyant quand on interroge. « Oui, je discute évidemment avec Benoît Hamon. Nous voyons avec nos réflexions, notre expérience qui sont les nôtres comment nous pouvons l’accompagner dans ses projets en vue de la présidentielle. Le partenariat sera fort.» Histoire que la politique ne finisse pas à bout de souffle…
Émilie Rencien