Exposition  « La ligne de démarcation dans le Cher 1940-1943 »


Bourges

Le musée de la Résistance et de la Déportation du Cher (Bourges), présente du 9 mars au 8 mai une exposition sur la ligne de démarcation du Cher de 1940 à 1943. L’exposition réalisée principalement à partir de fonds d’archives locaux, propose une version réactualisée de l’exposition itinérante conçue en 1997 par l’association des Amis du Musée de la Résistance et de la déportation du Cher.

L’exposition avec ses grands panneaux explicatifs (23 thèmes) et vitrines montrant des documents d’époque nous détaille ce que fût la ligne de démarcation dans le Cher : vie quotidienne, surveillance de la ligne, passage clandestin, incidents, drames…

Le 22 juin 1940, dans le wagon de Rethondes (forêt de Compiègne), en signant l’armistice face à Hitler, les autorités françaises reconnaissent la division du pays en plusieurs secteurs d’occupation.

Véritable frontière imposée par l’occupant allemand à la France, la ligne de démarcation s’étend sur 1200 km depuis la frontière suisse jusqu’à la frontière espagnole. Elle traverse alors 13 départements dont celui du Cher, de Thénioux à Mornay-sur-Allier. Comme pour d’autres départements, la ligne de démarcation coupe le Cher en deux jusqu’en mars 1943. Pour notre département du Cher, le territoire situé au nord de cette ligne est en « zone occupée » par les forces militaires et policières allemandes, au sud, la zone dite « libre », demeure sous le seul contrôle du gouvernement de Vichy.

A l’image du reste du pays, la zone occupée dans le Cher est la plus peuplée et la plus industrialisée, mais son ravitaillement dépend largement de la zone sud, plus rurale. Outil de contrôle et de surveillance, dès le début de l’occupation, la ligne de démarcation supprime de fait la liberté de circulation du courrier (lettres, cartes postales, colis, imprimés, journaux, transfert d’argent), mais aussi des marchandises et des personnes. Postes de gardes allemands et français matérialisent cette ligne sur les routes et voies ferrées. Toute personne désirant franchir cette frontière doit présenter un laissez-passer (ausweis) délivré par les autorités allemandes. Pour les frontaliers, habitants dans une bande de 10 km de chaque côté de la ligne, les ausweis sont délivrés après de nombreuses démarches, par la « kreiskommandantur » allemande du lieu de passage. Il faut justifier, notamment, d’une activité professionnelle. C’est le régime dit « de la petite frontière ». Ils peuvent également être délivrés pour un unique passage lors de circonstances exceptionnelles (familiales ou autres). Les frontaliers font preuve de beaucoup d’imagination pour tromper la surveillance allemande et permettre aux clandestins de franchir la ligne. De véritables filières d’aide au passage clandestin sont organisées. Certains passent aux postes de contrôles avec des « ausweis » obtenus grâce à de fausses cartes d’identités, d’autres dissimulés dans les véhicules, dans les trains, dans les convois funéraires. Plus nombreux sont ceux qui traversent la ligne entre les postes allemands et leurs patrouilles, guidés par des frontaliers qui risquent leur liberté et leur vie. Ils passent à travers bois et champs et aussi en barque sur le Cher. Ces filières d’aide au passage clandestin sont l’une des premières formes d’organisations de résistance dans le département.

Dès sa mise en place, la ligne de démarcation s’avère également un outil fort utile pour Vichy et les Allemands dans l’application des mesures visant la population juive. Les Juifs qui ont fui vers le sud de la France pendant l’exode se font refouler par les Allemands en vertu d’une ordonnance du 27 septembre 1940 interdisant aux Juifs l’entrée en zone occupée. Mais la plupart des Juifs vont rapidement chercher à fuir les persécutions et les rafles organisées par les autorités françaises et allemandes dans cette zone occupée.

Autour de cette exposition, il y aura le 30 mars à 18h30, une projection dans l’amphithéâtre des Archives départementales de Bourges avec le film « La ligne de démarcation », drame de Claude Chabrol, durée 2h ainsi qu’une conférence le 6 avril à 18h30 : « La ligne de démarcation en région Centre » par Eric Alary (docteur en histoire, professeur de classes préparatoires au Lycée Descartes de Tours et enseignant chercheur à l’Institut d’études politiques de Paris).

Une randonnée cycliste et pédestre est organisée le 13 mai par le comité départemental de l’ANACR (Association Nationale des Anciens Combattants et Ami(e)s de la Résistance) sur le tracé de la ligne démarcation dans le Cher. Tous les renseignements sont disponibles sur le site internet www.anacr18.wordpress.com

Dominique Authier

Informations pratiques : Direction des archives départementales et du patrimoine. Musée de la résistance
et de la déportation, rue Heurtault
de Lamerville 18000 Bourges.
Tél : 02 48 55 82 60.

Horaires d’ouverture : Du lundi au vendredi : 8h30 à 12h30 et 13h30 à 17h30. Samedi et dimanche : de 14h00 à 18h00. Entrée libre