Châteauroux
Un an plus tard, le projet des Amis de la Martinerie prend forme. Le lieu de mémoire ne concerne plus seulement l’ancienne base mais la présence militaire dans l’Indre depuis le début du XXe siècle.
Jean-Jacques Bérenguier passe une partie de son temps de retraité à 200 m à vol d’oiseau du bâtiment de commandement de l’ESMAT où le colonel Bérenguier a officié autrefois. Le président des Amis de la Martinerie donne bien encore des consignes à ses équipiers, mais il met aussi la main à la pâte lorsque le chantier le nécessite. Et le chantier, justement, a bien avancé depuis un an. Le bâtiment 0 pour lequel l’association a signé avec la Communauté d’Agglomération un bail emphytéotique de cinquante ans a commencé sa mue. Un premier bureau flambant neuf est terminé et les bénévoles s’activent à raison de trois séances par semaine pour aménager les différentes salles d’exposition.
«Nos priorités sont l’accueil pour lequel nous avons déjà un étonnant meuble de présentation et plusieurs vitrines. La salle des drapeaux viendra ensuite. Il s’agit de drapeaux que l’on nous confie. Ils proviennent d’associations locales dissoutes, de régiments désarmés ou encore d’associations départementales. Nous nous engageons à tous les conserver mais ceux qui ont une importance historique seront mis en évidence.
Il s’agira de rénover la pièce et de la doter de l’air conditionné pour que la température soit maintenue en permanence à 20°».
Une salle sera consacrée au 90e RCI, le régiment d’infanterie de Châteauroux dont un film raconte l’accueil de la ville à son retour de la guerre de 14. La présence des services de santé : Pharmacie Centrale des Armées et Magasin Central du service de Santé sur l’emplacement duquel est construit l’IUT, sera également rappelée. Châteauroux abritait notamment un hôpital de campagne prêt à décoller pour les théâtres d’opération».
L’armée de l’air disposera également d’une petite salle, mais la pièce principale sera dédiée à l’Armée de Terre qui a fait passer 350.000 jeunes soldats à La Martinerie.
« Une activité époustouflante »
L’ ambition des Amis de la Martinerie est d’ouvrir la moitié du bâtiment fin 2016. «La séance du mercredi est plutôt réservée au rangement et à l’accueil des visiteurs, mais nous avons deux autres journées de travail par semaine et je suis époustouflé par le travail réalisé par certains membres. Des entreprises viennent nous donner un coup de main, mais ces aménagements vont réclamer 1500 h de bénévolat. On est en train de montrer qu’on est pas des rigolos».
Quand ce premier chantier sera mené à bien, il s’agira de s’attaquer à l’autre moitié du bâtiment qui sera affectée pour une large part à la présence américaine avec les deux périodes 1917-1919 avec les camps d’Issoudun-Paudy et de Diors-Montierchaume dont les voies de chemin de fer sont redevenues depuis longtemps des champs labourés, ainsi évidemment que de la base de l’OTAN.
Au fur et à mesure que ce projet avance les rangs de l’association des anciens s’étoffent, ce qui explique l’affluence accueillie le 4 octobre pour la célébration du centième anniversaire de la Martinerie.
Pierre Belsœur
Une école d’aviation en 1915
A cette époque les délais entre une prise de décision et sa réalisation étaient infiniment plus courts que maintenant, si l’on en croît le président des Amis de La Martinerie, Jean-Jacques Bérenguier. Annoncée par un document du sous secrétaire d’Etat de l’aéronautique militaire le 4 octobre 1915, l’école d’aviation commença à fonctionner le 22 du même mois ! La France était en guerre et il n’y avait effectivement pas une minute à perdre.
A partir de 1916, l’école est réputée pour la formation de ses pilotes et accueille même deux écoles l’année suivante. Le 3ème régiment d’aviation de chasse (3eRAC) s’y installe en 1920. Il y restera jusqu’en 1936, date de son départ pour Dijon, remplacé par la 32e escadre de bombardement.
Des bombardements, La Martinerie en connaîtra pendant la deuxième guerre mondiale avant de tomber aux mains des Allemands qui l’occuperont entre 1942 et 1945. L’armée de l’air française la récupère alors pour créer une nouvelle école de pilotage.
Le site passe en 1951 sous le commandement des Américains qui y installent la plus grosse base logistique de l’OTAN en Europe, bâtissant la fameuse piste qui fait la réputation de l’aéroport Marcel Dassault. L’armée française récupère le site en 1967, cinq ans après que De Gaulle ait décidé que la France sortirait de l’OTAN. L’armée en fit un centre de formation qui accueillit 350.000 engagés et soldats qui venaient «faire leurs classes» à l’ESMAT, entre 1968 et 1998. Le 517e régiment du train en sera le dernier occupant, repliant son drapeau le 30 juin 2012. Depuis la plupart des locaux et terrains de l’ancienne caserne ont retrouvé une affectation, mais on est très loin des 1500 emplois militaires et civils liés à son activité militaire.
Le bâtiment 001 attribué aux Amis de La Martinerie l’année dernière est le dernier site dépositaire de l’histoire militaire de l’ancienne base.
P.B.