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3e circonscription du Cher : une issue très incertaine

Nous avons fait la tournée des partis politiques pour appréhender les enjeux des élections législatives des 11 et 18 juin sur le sud du Cher (3e circonscription). Une chose est certaine, quelle que soit la « chapelle », la bataille est vue comme « difficile ». Indécise même, car l’élection présidentielle qui précède ces législatives va redistribuer les cartes.

Un micro trottoir effectué en terres saint-amandoises est éloquent quant au flou prégnant dans l’esprit des électeurs. La population est lasse des affaires, des revirements, des contradictions. Les citoyens ont l’impression qu’on leur « vole » leurs élections. « Notre bien-être, les intérêts des territoires, le développement économique, la ruralité, le logement, le pouvoir d’achat, l’éducation, le social, le culturel, la santé, la sécurité… S’ils sont des représentants de la Nation, alors qu’ils agissent … et pas seulement trois mois avant les élections ! ». Du pain sur la planche pour nos candidates et candidats qui connaissent ces revendications.

Olivier Béatrix (UDI) précise : « Je suis maire d’une petite commune (Germigny-l’Exempt) et je comprends ces réactions. C’est pour cela que mon programme est axé sur trois thématiques fortes de campagne : Valoriser et défendre le lien entre les territoires et la Nation. Lutter pour un développement efficace du territoire afin que nous ne soyons plus les oubliés de l’Etat ». Le centriste « veut proposer un ministère de la ruralité et s’opposer à toutes ces fermetures de services publics ».

Quant à Louis Cosyns (LR), l’homme est expérimenté (deux mandats de député et maire de Dun depuis 28 ans). Il précise : « nous allons vivre une période à l’image de l’élection présidentielle qui s’annonce difficile dans une circonscription où depuis longtemps force est donnée à l’élection du candidat qui soutient le candidat présidentiel élu. Je suis pour la fidélité et une cohérence avec l’action qu’un député doit mener sur le terrain. Un député doit être proche des gens et pour moi, il faut réhabiliter la politique et effectivement, qu’il soit véritablement le délégué des électeurs et porteur des intérêts des populations. Je suis en campagne bien évidemment pour porter mes idées et projets mais je ne me lancerai véritablement qu’à l’issue du scrutin présidentiel. Un député n’est pas à pour brailler où faire sensation sur les plateaux télévisés. Moi, je suis un bagarreur sur le terrain pour mes concitoyens ».

A chacun sa dynamique, il faudra assurément bien du courage et de la persuasion pour intéresser la population devant une élection qui bouscule tout ce qui a fait la Ve république.

Une femme a été choisie par le parti communiste pour se lancer dans la bataille : Magali Bessard ; conseillère municipale d’opposition de Bourges, ancienne candidate du conseil départemental sous l’ancienne majorité, qui est partie sur le terrain expliquer ses projets, sa conception de la vie démocratique : « comme je le fais à Bourges, je veux agir sans relâche pour que notre territoire se développe dans une perspective d’égalité, de solidarité, de préservation de l’environnement, d’excellence en éducation, de santé, de culture… Je veux porter ces exigences de changement et de renouveau politique que nos concitoyens sont en droit d’attendre. Ne pas opposer la ville et la ruralité car les problèmes désormais sont souvent identiques. Ma lutte sera aussi pour conserver nos services publics si malmenés tant en milieu rural qu’en urbain… ».

Député sortant, Yann Galut (PS) est lui aussi un expérimenté en politique et il va retrouver son éternel rival Louis Cosyns. C’est son directeur de cabinet Guillaume Crépin qui dresse les enjeux de cette élection : « C’est une campagne après les présidentielles qui sera difficile. Nous devons travailler encore et toujours sur nos valeurs, nos convictions et Yann Galut entend bien poursuivre le travail de cette mandature et continuer à être le député de proximité qu’il a été mais aussi de combat car il faudra lutter de toutes nos forces afin que nos territoires ne soient pas les oubliés de l’Etat. Yann Galut a lutté pour que ces territoires existent et soient reconnus en s’opposant même à son propre gouvernement. Ce fut le cas des fermetures de services publics (poste, urgences chirurgicales), désertification médicale par exemple ».

Le mouvement En Marche n’a pas annoncé son candidat sur cette circonscription. Mais les instances nationales du parti d’Emmanuel Macron ont bien noté que cette circonscription tombait toujours dans l’escarcelle du parti de celui qui gagne la présidentielle. La circonscription est donc stratégique et le nom du candidat pourrait n’intervenir qu’après le premier tour de la présidentielle.

Côté front national, on compte que le caractère rurale d’une circonscription où les services publics de l’Etat sont en recul.

Il faut enfin aussi noter une « candidature citoyenne », celle du militant associatif Samuel Vaisson qui rejette tous les partis politiques et présente sa candidature comme celle de « celui qui va représenter les citoyens, d’être leur porte-voix à Paris (…), le gars de Saint-Amand qui va se battre pour le milieu rural. »

D’autres candidature semblent en gestation, mais ne sont pas encore confirmer.

Une élection très incertaine qui verra le deuxième tour accueillir une triangulaire… voire une quadrangulaire !

Jacques Feuillet

3e circonscription : Bourges quartier aéroport, Baugy, Charenton-sur-Cher, Châteaumeillant, Châteauneuf-sur-Cher, Le Châtelet, Dun-sur-Auron, La Guerche-sur-l’Aubois, Levet, Lignières, Nérondes, Saint-Amand-Montrond, Sancergues, Sancoins, Saulzais-le-Potier.